Vente de STX : Macron met en danger la navale française
L’écran de fumée de la nationalisation estivale du chantier de Saint-Nazaire vient de se dissiper : le principal outil de production de la filière navale française passe sous pavillon italien. Au-delà de l’étonnant montage juridique permettant à Fincantieri d’être majoritaire dans le capital et dans la gouvernance grâce à un « prêt » de l’État français de 1% du capital sur 12 ans, aucune garantie supplémentaire n’a été apportée.
C’est un très mauvais scénario qui se dessine pour la navale française.
D’une part l’Italie prend la main sur la construction civile avec des capacités de productions concurrentielles et un rapport de force déséquilibré : 20 chantiers dans 7 pays contre 1 en France. D’autre part les négociations entamées pour prolonger l’entente franco-italienne dans le militaire et concurrencer les grands groupes anglo-saxons risque d’organiser la mise en concurrence entre les capacités de production du chantier de Saint-Nazaire et celles de Naval Group (ex DCNS) qui entend faire fructifier son entrée au capital de la nouvelle structure franco-italienne.
D’autres solutions sont possibles notamment une solution nationale ou de coopération européenne mettant la capitalisation au service de l’ambition de diversification rassemblant l’État et toutes les entreprises dont les besoins se font jour (les compagnies de transports, les armateurs, les chargeurs, Total, GDF, Orange…).
Or, le nouveau pacte actionnarial franco-italien enferme le chantier dans la monoproduction de paquebot et renforce le risque du détournement de la vocation civile du chantier de Saint-Nazaire avec le rôle nouveau que veut jouer Naval Group. Depuis plus de 10 ans, le chantier de Saint-Nazaire n’a produit que des paquebots et quelques navires militaires de gros tonnage.
Après Alstom hier, le dossier STX révèle l’obsession financière du nouveau pouvoir et son absence totale d’ambition industrielle. Une filière navale indépendante est pourtant une condition indispensable à la réponse aux besoins humains et à la transition écologique (après le transport ferré, le transport maritime et fluvial est le transport le plus propre).
La navale du XXIème siècle reste à faire.